Pourquoi se mettre à fumer le cigare, alors qu’on nous
martèle l’esprit avec des messages du type « manger 5 fruits et légumes
par jour », « pratiquer au moins 30 minutes d’activité
physique », « consommer l’alcool avec modération » et, surtout,
« fumer tue » ? Et bien tout simplement pour prendre un peu de
plaisir !
On ne fume pas un cigare comme on fumerait une cigarette.
Non ! Un cigare se déguste Madame Monsieur ! Dans cet univers, il
n’est pas question de fumer compulsivement en 5 minutes un amas de tabacs d’on
ne sait quelle provenance, remplit de produits nocifs (ammoniac, acétone,
méthanol…) acheté à la va-vite dans n’importe quel bureau de tabac remplit bien
souvent de piliers de bar. Hors de question de gâcher son palais afin de ne
plus se rendre compte que le Mc Do quotidien c’est dégueu, et d’enduire
soigneusement ses poumons de goudron. Hors de question également de
s’intoxiquer entassés les uns sur les autres, avec cette odeur d’urine
prononcée car « c’est le seul endroit abrité ».
Non, ici tout est question de détente, de plaisir, d’éveil
des sens, d’hédonisme. Dans un premier temps, il faut sélectionner sa vitole.
On choisit le terroir où a été cultivée la plante servant à la confection de
notre précieux module. Les « puristes » se dirigeront vers Cuba, les
curieux iront vers la République Dominicaine, ou le Honduras. J’ai actuellement
une grosse préférence pour le Nicaragua et ses confections au caractère trempé.
On se ravit les yeux des 92 différentes couleurs de cape, allant du claro claro (jaune clair) au oscuro (presque noir). Cette feuille
drapant le cigare influence également son touché.
On peut préférer une feuille rustique à l’aspect rugueux, ou
sophistiquée avec une apparence lisse et soyeuse. De préférence elle sera
grasse et luisante, signe que le cigare a transpiré et développé ses arômes en
libérant ses huiles. On tâte les modules, on compare la taille, le poids.
Est-ce que l’on dispose de suffisamment de temps pour ce double corona qui nous
séduit de son chant de sirène depuis de si longs mois, tel un Argonautes
revenant de Colchide ? Ou est-ce que l’on préfère un petit panetella pour
accompagner ce nouveau café italien fraîchement moulu ? Ou enfin un grand
classique : le corona ? On hume ces parfums d’ailleurs, on imagine
ces ouvriers préparant totalmente a mano ce
compagnon d’une heure ou deux, voir plus...
Ensuite vient un moment important : la préparation. Il
ne s’agit pas d’allumer le cigare comme un sauvageon. Non, il faut encore
quelques préliminaires : où va-t-on s’installer ? Quelle boisson va
sublimer notre choix ? Comment préparer ce cigare : emporte-pièce ou
guillotine ? Le module semble bien remplit, ce sera la guillotine afin
d’avoir un tirage suffisant. Un café tout juste préparé dans la Bialetti. Un
fauteuil confortable pour accueillir notre séant. Ponctuellement, un ami
partagera cet instant de vie et de détente, rognant conjointement ce tempus fugit dicté par notre société de
l’immédiat, et adulant plutôt le carpe
diem intemporel d’Horace.
Nous voilà prêt. Le Xikar Xi1 dans une main, la vitole dans
l’autre : «Qu’on lui coupe la tête ! ». Oui ma reine ! Couic. On porte alors le cigare en
bouche, et on tire à cru pour déceler
les premières saveurs. Maintenant : l’allumage ! Comme une fiancée
s’étant promise à son mari, on peut désormais étreindre cette promesse de
bonheur virginal. Au fil de la dégustation, on pourra goûter au cuir, au
brioché, au poivré. Les senteurs s’intensifient au fil de la combustion. Il
faut prendre garde à ne pas aller trop vite, sous peine de nuire à la suite en
faisant trop chauffer notre module. On savoure le moment, on observe cette
fumée abondante se répandre. La combustion régulière et la cendre compacte
demandent peu d’attention, nous laissant ainsi apprécier pleinement notre
choix.
On éprouve le sentiment d’être seul au monde, la notion de
temps disparaît. L’esprit peut vagabonder où bon lui semble, tant que le sujet reste
léger. L’ami présent recueillera certainement moult confidences et en livrera à
son tour, tant le sentiment que plus rien de ne compte sera fort.
Winter is coming. De
la même façon qu’Adam et Eve ont compris que désormais, plus rien ne serait
pareil, on sent qu’il va falloir revenir de ce long voyage des sens. On en
gardera un bon souvenir, éventuellement quelques photos à montrer, preuves de
ce moment vécu intensément.
On pense déjà à repartir, peut-être au même endroit, ou bien
sur un autre continent…
Longue vie à ton blog...
RépondreSupprimerMerci Thierry pour tes encouragements. A l'occasion, si tu vois de la lumière, n'hésite pas à t'arrêter ;)
Supprimerça sent la peinture fraîche, ici ! Content de découvrir ton blog, l'ami. Et jolie texte.
RépondreSupprimerMerci à toi Edmond ! Comme je te l'ais déjà écris, vaut mieux que ça sente la peinture que le sapin !
SupprimerA bientôt pour de nouveaux posts, ici ou ailleurs.
Superbe, j'aime beaucoup ta prose !
RépondreSupprimerEt espérant te lire encore au fur et à mesure de tes dégustation
Bon courage
Dami
Bonjour Damien,
SupprimerMerci pour tes encouragements ! Actuellement je n'écris plus beaucoup pour une simple raison : je ne fume presque plus...
Mais je compte profiter du re-doux pour quelques ultimes dégustations avant l'hiver.
Winter is coming...
Pareil, mais j'ai succombé à la morosité et à la tentation samedi : un Magnum 50 avec un doigt de bas armagnac....Et finalement, ça m'a réconcilié avec le reste de l'humanité.
RépondreSupprimerUn bon cigare accompagné d'un bon verre, pour un moment de détente où personne ne vient nous parler...
SupprimerQue demander de plus, sinon un ami avec qui partager cela ?
Il n'y en avait pas qu'un, j'avais la chance d'en avoir deux à ce moment là...DOnc avec le cigare et le bon verre, je te laisse imaginer...
RépondreSupprimerSe sont des moments priceless...
SupprimerSalut Seb !
RépondreSupprimerJ'ai changé de plate-forme pour mon blog. Voici la nouvelle adresse : http://thierryetsescigares.blogspot.be/
A +
Hop !
SupprimerMise à jour effectuée ;)